Bilan mitigé pour la loi Egalim

Un an après l’application de la loi Alimentation, les acteurs de la filière agroalimentaire ont établi un premier bilan. Si l’on se base sur leurs inquiétudes concernant les effets de la loi Egalim, le rapport qui sera publié par les sénateurs risque d’être critique.  

Des mesures qui ne sont pas profitables aux PME

Les principaux acteurs de la filière agroalimentaire se sont réunis au Sénat pour établir un premier bilan des effets de la loi Egalim. Ils estiment que certaines mesures de la loi Egalim, à savoir l’augmentation du seuil de revente à perte et l’encadrement des promotions, n’étaient pas profitables à certaines PME. Rappelons que la promulgation de la loi Alimentation a été initialement opérée dans l’objectif de rééquilibrer les relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire.

Les sénateurs estiment que contrairement aux résultats attendus, les retours sur l’application de la loi Egalim n’étaient pas engageants pour les PME et la plupart des acteurs économiques des territoires ruraux. Les grands groupes et des marques de distributeurs ont continué quant à eux à enregistrer une belle croissance. Cela vient confirmer les doutes du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Didier Guillaume, qui estime que les agriculteurs ne trouvent pas leurs comptes dans ces nouvelles dispositions.

Des négociations commerciales difficiles

Les PME ont déjà été désavantagées par le seuil de revente à perte (SRP) qui se révèle nettement plus avantageux pour les grandes marques. Elles doivent également limiter leurs promotions à 25 % de leur chiffre d’affaires alors que c’est un des seuls leviers qui leur permet de concurrencer les grandes marques internationales.

Pour Dominique Amirault, président FEEF (Fédération des Entreprises et des Entrepreneurs de France), le principal problème tient du fait que les centrales de distribution continuent à avoir le monopole du marché. Pour lui, la loi ne s’est pas attaquée au fond du problème, la guerre des prix continue et les négociations commerciales restent difficiles.

Des changements positifs observés dans certaines filières

Les acteurs de la filière agroalimentaire ont tout de même noté que les mesures de la loi Egalim ont été profitables à certaines filières agricoles de niche, dont la filière laitière française. Les professionnels espèrent d’ailleurs voir la même évolution chez les autres filières alimentaires (céréales, légumes, viandes).

Pour la FCD (Fédération du Commerce et de la Distribution), rien n’est encore joué. Avant de tirer des conclusions hâtives, il vaut mieux laisser passer les deux ans d’expérimentation. La fédération s’est tout de même permis de faire une première analyse. Elle a souligné le fait que même si l’application de la loi n’a pas permis de stopper l’augmentation générale des prix, il reste qu’il a permis de mettre fin à la déflation. Pour l’UFC-Que Choisir et la Confédération paysanne, la mesure n’a amélioré en rien la situation.  Ils estiment qu’à l’heure actuelle, la mise en place d’un dispositif rémunérateur pour les agriculteurs serait plus appropriée. Le tout assorti d’une transparence totale sur les marges.